L’ESPRIT de Bahanba flottait sur l’eau. Un verre d’eau par jour, c’était tout ce qu’il avait pris depuis cinq semaines. De l’eau qu’on faisait venir pour lui, sans qu’il l’eût demandé, d’une source des Montagnes Rocheuses vierge de toute pollution, jaillissant du flanc sud du mont Assiniboine, au Canada.

Il sentait son corps peu à peu disparaître. Enfin libéré par le jeûne de tous liens affectifs pour ce corps personnel, il ne le considérait plus que comme le lest qui ancrait son esprit à la terre. Mais son poids diminuait d’heure en heure. Il était aujourd’hui pareil à une feuille sèche, et bientôt il ne pèserait plus rien.

Alors qu’il approchait du moment où il en serait délivré, Bahanba le considérait avec détachement et amitié. Son esprit, enfin devenu le maître, visitait dans tous ses détails cette usine dont les verrous étaient tombés. Il en appréciait le fonctionnement admirable, depuis les grands travaux de ses organes jusqu’aux tâches infinies de ses cellules et des univers qui composent chacune d’elles. Le corps, piège purificateur, était pareil, dans son ensemble et ses détails, à la Création. Dieu l’avait fait pour permettre à l’âme en passant à travers lui de devenir mieux qu’elle-même. Mais pourquoi avait-Il fait la Création ? Dieu a-t-Il besoin de devenir mieux que ce qu’il est ? Mais, Dieu, QU’EST-CE QUE C’EST ? L’âme de Bahanba est-elle devenue assez pure pour le savoir bientôt ? ou bien devra-t-elle traverser encore mille fois mille vies avant de se confondre avec Lui ? Qu’il en soit fait comme il doit être. Il ne faut avoir ni espoir ni crainte. Ce qui est, est.

Galdos parlait et exposait à Bahanba la situation de l’île.

Debout, et regardant le lit où était étendu le vieillard, se tenaient aux côtés de Galdos : Hamblain, Lins, Sanderson, Ramsay, Acharya, Roland, Menchinov, l’évêque noir Davidson, l’atomiste Linsay, le biologiste chinois que tout le monde nommait Ho, et, près de Roland, Jeanne. Et, derrière tous, Samuel Frend.

Bahanba était immobile, les yeux clos, allongé sur son lit dans sa robe blanche. Les mouvements de sa respiration n’étaient pas visibles. Sa peau, tendue sur les os de son visage, donnait à ce dernier les traits d’une momie de trois mille ans. Les formes, mais non l’apparence, car la vie en rayonnait. Ses cils dessinaient une frange blanche sur le haut de ses joues brunes. Sa barbe blanche brillait et semblait couler comme une source.

En même temps qu’il connaissait son corps et qu’il méditait, Bahanba écoutait. Et tout cela était la même chose.

Quand Galdos eut fini de parler, la poitrine de Bahanba se souleva légèrement, et toutes les autres poitrines s’arrêtèrent de respirer. Il voyait clairement ce qui allait arriver si on faisait quelque chose, et ce qui arriverait si on ne faisait rien. L’une ou l’autre éventualité était un événement minuscule et peut-être nécessaire dans le mouvement infini de l’Être. Ils ne comprendraient pas, mais il devait essayer de le leur dire. Ses lèvres s’entrouvrirent et les treize qui étaient là entendirent le souffle de sa voix sur le souffle du vent.

— … Le monde bouge… l’île bouge… le Paradis est immobile… Ce qui arrive n’est pas ce qui est… Faites ou ne faites pas, mais dans la vérité…

Il se tut et sa respiration devint de nouveau imperceptible.

Silencieusement, ses visiteurs sortirent. Quand ils furent tous dans la rue, Galdos parla de nouveau :

— Vous avez compris ?… Moi, rien… Il commence à dérailler… Nous devons prendre une décision sans lui, et sans perdre une minute… L’île bouge…, oui, ça c’est certain… elle s’est mise drôlement à bouger !… Et nous devons freiner à fond… Voilà la vérité… Vous êtes d’accord ?… Je vais demander aux adultes de se prononcer pour ou contre. Ensuite, nous demanderons aux filles de passer chez les médecins et les biologistes. Il faut que tout cela soit décidé aujourd’hui. Est-ce que vous pensez comme moi ?

Jeanne elle-même ne trouva rien à dire. Elle se serra en frissonnant contre Roland. Il la réconforta doucement :

— Cela nous paraît monstrueux parce qu’elles sont nombreuses, mais pour chacune ce n’est pas grand-chose. Et pour les ovules, ce n’est rien.

Galdos alla se placer devant la caméra la plus proche et lança un appel général. Pour ceux qui n’avaient pas entendu les exposés de la veille il répéta tout, tira les conclusions, proposa la neutralisation immédiate des ovules fécondés, demanda aux adultes de réfléchir, et à ceux qui étaient contre sa proposition de le faire savoir avant le soir au docteur Lins. Les enfants seraient ensuite appelés à donner leur avis, puisque cela les concernait.

Quand vint l’heure de la lumière bleue, aucun adulte n’avait manifesté d’opposition.

Mais les enfants n’avaient pas attendu pour exprimer leur avis. Toute la journée ils l’avaient dit, chanté, crié, joyeusement. Les filles enceintes voulaient garder leur enfant, et celles qui ne l’étaient pas voulaient le devenir. Les garçons avaient peint des fleurs et des oiseaux sur les ventres plats des filles, et les filles avaient tressé des ceintures de fleurs autour des tailles fines des garçons, avec des guirlandes et des nids pour orner, et glorifier leur sexe qui donnait les enfants. Aucune ne mangeait plus rien qui fût fabriqué dans l’île, et elles recommençaient à tout instant la cérémonie de l’amour. C’était dans toute l’île une fête puissante de la vie, un lent tourbillon de création qui avait pour centre le jardin rond, et au centre du jardin le nouveau-né d’un demi-jour. Chacun des enfants de l’île vint une ou plusieurs fois dans la journée le regarder, et lui parler ou se taire. Et s’émerveiller de le voir si petit, si laid, si beau, et qu’il fût né du corps de sa mère, et que son père l’y eût semé. Un mouvement ininterrompu tournait autour de lui, venait jusqu’à lui et en repartait. Il était comme un soleil qui ne sait pas ce qu’il est, qui ne sait pas qu’il est, et dans son ignorance et son innocence attire l’amour et le donne.

Et quand arriva le soir, les garçons et les filles avaient presque oublié ce que Galdos avait demandé, tellement cela leur paraissait faux, invraisemblable, à rejeter, sans importance.

Les treize se réunirent une nouvelle fois, dans la chambre de Galdos. Ils y tenaient à peine. Ils s’assirent comme ils purent, sur le lit, sur les sièges, sur le bureau. Jeanne resta debout, pour parler. Elle voulait convaincre, et peut-être se convaincre.

— On sait maintenant que les filles ne viendront pas trouver les médecins. Alors, va-t-on les contraindre ? Et comment ? L’île de la liberté va-t-elle se renier ? Les adultes se transformer en gendarmes ?

Elle regardait tour à tour tous les autres. Frend était assis dans un coin, aussi loin d’elle qu’il avait pu. Elle le regarda dans les yeux, il plissa un peu les paupières, elle éprouva une impression bizarre qui faillit retenir son regard, mais elle continuait de parler, et sa parole l’entraîna vers un autre visage.

— Puisque le C41 paraît efficace, ne pourrait-on pas l’expérimenter encore, et envisager l’ouverture de l’île dans un délai assez proche ? Vingt ans ? Peut-être moins ? Et laisser venir au monde la troisième génération en envisageant seulement des difficultés, et non un désastre ?

Ils l’écoutaient en silence. Jeanne, debout, là, présente devant eux, était la preuve d’une solution possible. Une solution d’une fragilité scientifique redoutable, mais envisageable, et qui d’ailleurs s’imposait. Ce n’était pas une certitude, à peine un soupçon d’espoir, mais ils étaient épuisés par l’inquiétude, ils avaient perdu l’habitude des problèmes urgents et des tourments, et ils avaient envie de partager la joie des enfants, tout en sachant combien elle était folle.

— Eh bien, dit Galdos, je ne vois pas quel autre truc on pourrait envisager… Nous avons besoin encore de quelques techniciens, auxquels nous avions renoncé faute de place, il faut les faire venir immédiatement, et les mettre tous au C41. Dans trois mois nous serons fixés…

— Trois mois… Plus le délai nécessaire pour qu’ils arrivent…

— …. Dieu veuille, dit Lins, que vous ayez raison, Madame.

Ils se séparèrent dans une sorte d’euphorie artificielle dont ils masquaient l’angoisse à laquelle aboutissait leur logique. C’était un jour de joie, les enfants avaient chanté le bonheur et la vie, il fallait croire les enfants, même si c’était absurde. Pour une fois, faire confiance au sentiment, et non à la raison. Demain, on réfléchirait…

Roland demanda à Jeanne si elle accepterait de venir dîner chez lui, pour célébrer ensemble ce jour qui aurait pu être un jour de tristesse et était devenu un jour de soulagement.

Elle lui prit le bras sans rien dire, et l’accompagna. Ils passèrent par le jardin. Beaucoup d’enfants dormaient, mais d’autres chantaient encore. Quelques feux brûlaient. Près du ruisseau ils trouvèrent Han et Annoa assis près des flammes, avec leur fille qui dormait sur l’herbe, entre eux. Den fredonnait une chanson qui parlait de cheveux couleur de feu. Mary était allongée près de lui, et l’écoutait et le regardait. Elle se demandait si c’était lui le père de l’enfant qu’elle allait avoir. Si elle devait en choisir un, ce serait lui. La lumière bleue et l’or des flammes se disputaient ses yeux verts. Roland cueillit une brassée de roses, et, quand ils furent dans la chambre, les disposa dans un vase devant l’écran de télévision, dont il coupa tous les circuits. Ce soir il ne voulait plus rien savoir de l’île ni du Monde. Les roses étaient charnues, exubérantes, rouges comme le sang et la joie.

Jeanne commanda au téléphone des choses insensées : une poêle à frire, une laitue, de l’huile, des œufs frais, de l’estragon, de la crème, une truffe, des fraises… Et elle se mit à rire aux larmes quand elle vit, cinq minutes plus tard, le chariot sortir du mur avec tout ce qu’elle avait demandé. Pendant que Roland commandait à son tour du Champagne, elle lui confectionna une omelette légère, somptueuse, telle qu’il les aimait rue de Vaugirard.

Ils burent le Champagne au bonheur des autres et au leur. Jeanne se détendait, presque heureuse. Certaine, maintenant, d’être peu à peu délivrée de sa souffrance par l’âge qui l’emportait, elle voulait, pour un soir, croire qu’elle était toujours la Jeanne d’autrefois et qu’elle n’avait, pas plus que Roland, changé. C’était un soir de fête, un soir un peu fou. Elle tournait le dos à la lampe et au miroir. Demain viendrait, bien sûr… Demain… Elle aurait pour l’occuper les soucis de l’île renaissants. Et pour les émousser, les tranquillisants. Et puis ce serait après-demain, déjà un peu moins dur à traverser, et puis chaque jour suivant plus apaisé, chaque jour qui, pour elle, compterait vraiment pour un jour. Ce soir ne se renouvellerait pas, c’était un soir unique, un soir de Vaugirard surgi du passé. Roland, assis en face d’elle, était le même Roland, il lui parlait avec la même voix basse et chaude, il lui disait les mêmes mots de tendresse et de désir, l’île n’existait pas, l’omelette était exquise, et les fraises arrivaient du printemps, douces, parfumées, c’était le printemps partout.

Vint le moment qu’elle redoutait, et qu’elle attendait depuis le tiers de sa vie. Roland éteignit la lumière blanche. Elle éteignit la lumière bleue. Elle voulait la grande protection noire de la nuit pour que Roland oubliât Jeanne d’aujourd’hui et se souvînt de Jeanne de jadis. Elle ne le laisserait pas découvrir Jeanne et la regretter. Il y aurait cette seule nuit, puis elle s’éloignerait de lui, peu à peu, dans le temps illuminé par cette dernière joie volée, vers la paix…

Il la prit dans ses bras et l’embrassa avec tendresse, partout sur son visage brûlant, sur ses lèvres fermes et chaudes. Doucement il les fit s’ouvrir, et elles cédèrent. Leurs bouches avaient le goût des fraises.

Jeanne ferma les yeux pour empêcher de couler des larmes de bonheur et de détresse. Quand elle les rouvrit, elle reçut le choc d’une flamme que les larmes brisaient. Elle bougea la tête, et ce fut un étincellement pareil à celui d’une braise que le vent secoue…

Tout à coup elle comprit. Elle vit la fusée immobile, la gerbe rouge superbe épanouie …

— Roland !… Roland ! … JE VOIS LES ROSES !…

Elle s’arracha à ses bras et s’éloigna de lui en reculant.

— Jeanne !

— C’est horrible !… Elle ne pensait pas à ce que l’échec du C41 représentait pour l’île, aux solutions de force qu’il faudrait adopter, elle était envahie par cette pensée qui ne laissait de place à rien d’autre, cette certitude, cette image atroce : vingt ans de plus que lui… elle aurait vingt ans de plus que lui pendant l’éternité…

Elle se sentit prise au piège, comme une bête, elle chercha l’issue pour s’enfuir, la porte… Et tout près d’elle elle en vit la poignée rouge…

Elle la tourna et sortit… Dans la rue, elle se mit à courir.

La rue était plongée dans la nuit bleue, mais ponctuée de signaux rouges qu’elle n’avait jamais discernés : des mots et des flèches pour indiquer les directions, des cercles pour marquer l’œil des caméras et l’oreille des micros, des bandes pour signaler les bords des fontaines et les troncs des arbres, et un peu partout des graffiti enfantins, des animaux aux pattes raides, des humains aux doigts écartés, et à chaque porte son numéro et sa poignée en forme d’œuf… Et des papillons rouges que le doux vent de nuit emportait…

Pour se rendre chez elle, le chemin le plus court traversait le jardin. Quand elle y déboucha, elle s’arrêta net, le souffle coupé par sa splendeur flamboyante, puis elle se remit lentement à marcher entre les groupes d’enfants endormis, qui, sur le fond sombre de l’herbe, composaient des bouquets de lumière. Ces garçons et ces filles… Toutes ces filles magnifiques qui auraient un jour dix-huit ans et les garderaient… Et peut-être leurs filles qui les rejoindraient et resteraient jeunes comme elles… Et Roland parmi ces filles, Roland, homme de trente ans parmi les adolescents, homme rare et dur comme un diamant… Et elle, dérisoire, échantillon d’une ère révolue où la chair changeait en même temps que l’esprit, spécimen conservé par le JL3 comme par le formol, indestructiblement la même avec ses vingt ans de plus, ces années maudites où elle s’était usée à chercher… Et tout à coup lui revinrent à la mémoire les tentatives d’enlèvement de Paris et de Londres… La première fois, on avait voulu l’emporter parce qu’on la croyait contaminée, mais la deuxième fois c’était certainement Roland qui avait demandé qu’on la lui amenât dans l’île, comme il y avait fait venir ses enfants… Il ne lui en avait jamais parlé, pour ne pas la faire saigner de regret. Il ne lui avait même pas parlé de ses enfants, par délicatesse, pour qu’elle ne fît pas le rapprochement… Si elle s’était laissé emmener, aujourd’hui elle serait jeune ! Elle s’était défendue, obstinée, stupide, elle avait tué pour se défendre contre la jeunesse éternelle et le bonheur !… Elle râla d’horreur et reprit sa course. À la porte du jardin, elle se heurta à un homme en noir, immobile, qui s’excusa… Elle le reconnut. C’était Lins. Elle lui dit :

— C’est fini… le C41… raté… je vois le rouge… je suis contaminée… le virus a gagné !… moi j’ai perdu !…

Le Grand Secret
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